DAVID Myriam (1917-2004)

Myriam David était pédopsychiatre. Elle s’est intéressée à la maltraitance. Dans la lignée des travaux des psychiatres René Spitz et John Bowlby, elle a travaillé sur les notions de « carence » et de « séparation » afin de vaincre concrètement les effets traumatisants de cette dernière.
Suite à son expérience concentrationnaire durant la seconde guerre mondiale, il se dégage une mise en tension entre déshumanisation et humanisation, telle une empreinte lui permettant de souligner le lien entre les soins du corps et les soins psychiques. Après la guerre, de retour en France après trois années de formation aux Etats-Unis, son expérience dans un service de l’Assistance publique s’avère fondatrice pour souligner la valeur du soin à apporter aux enfants. Elle y intègre un regard novateur sur la formation des professionnels. Cette dimension d’une relation professionnelle sera déployée à travers sa découverte, avec la psychologue Geneviève Appell, de l’approche de la pouponnière Loczy à Budapest (Hongrie), dirigée par le Docteur Emmi Pikler. Leur ouvrage Loczy ou le maternage insolite, paru en 1973, constitue un apport fondamental pour promouvoir l’accompagnement individuel en institution, à partir d’une professionnelle référente pour l’enfant permettant de souligner la nécessité d’une continuité de moments privilégiés, dans un respect absolu du corps de l’enfant, au travers d’une interaction dynamique. Le bébé est vu comme un partenaire actif, à partir du moment où il est pris dans un environnement sécurisant. La prévention précoce que Myriam David promeut repose ici sur des gestes du quotidien. En 1976, elle fonde l’Unité de soins spécialisés à domicile pour jeunes enfants et parents de la fondation Rothschild. En 1989, paraît son ouvrage Le placement familial, de la pratique à la théorie où elle développe la nécessité de compléter l’accueil d’un enfant dans une famille par des actions préventives et thérapeutiques autant pour l’enfant que pour sa famille d’origine, soulignant ainsi l’importance du travail en réseau.
Reconnue comme pionnière par ses pairs, de nombreux textes lui rendent hommage, tant sur les idées que sur la démarche de travail. Un des points d’inspirations les plus manifeste réside dans son ancrage dans l’observation, comme la garantie pragmatique d’une clinique respectueuse des personnes, car pour elle « l’éthique du savoir ne prend jamais le pas sur l’éthique du sujet » (Prendre soin de l’enfance, 2014, p. 98).

Texte  : Laurence Lefèvre