Logo de la l'article Trombinoscope

Germaine le Henaff ( 1909-1996)

Née en 1909 au Crozon, Germaine Le Henaff est issue d’une famille pauvre de pêcheurs bretons. Elle perd sa mère à l’âge de deux ans avant d’être confié dans son adolescence à sa tante maternelle qui l’élève au sein de la bourgeoisie brestoise. Elle débute l’enseignement vers les années 1930-1935, dans une école publique du Finistère avant d’être nommée préceptrice en région parisienne pour la famille Rothschild. Dès 1937-38, elle participe aux premiers stages des Centres d’Entraînement, futurs CEMEA à Beaurecueil (Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active).
Elle devient instructrice pour les CEMEA dans le stage situé à Charny du 15 au 22 juin 1941, subventionné par l’Entr’aide d’Hiver du Maréchal (EHM). En 1940, ses employeurs s’expatrient aux Etats-Unis ce qui amène Germaine Le Hénaff à prendre la tête d’une colonie de vacances comme bon nombre d’instituteurs de l’époque. C’est durant l’été 1941, qu’elle dirige la colonie de vacances de La Guette.
Avant-guerre, cette demeure est un lieu d’asile expérimental pour des enfants juifs évacués dans l’urgence des pays de l’est par la filière de l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE). Lorsque Germaine Le Hénaff reprend le centre, elle est employée par une œuvre privée d’orientation pétainiste, financée essentiellement par des ressources publiques : le Secours National-Entr’aide d’Hiver du Maréchal. Elle garde cependant ses distances avec leurs valeurs et reste en relation avec les réseaux clandestins qui cachent des enfants juifs. Ainsi plusieurs d’entre eux ont été cachés à la Guette avec sa complicité.
En novembre 1944, le Secours national est dissous et transformé en Secours Social puis Entraide Française. Son président, Raoul Dautry, nomme Germaine Le Henaff inspectrice des maisons d’enfants de la zone province sous la responsabilité de Fernande Seclet-Riou.
En début d’année 1946, Germaine Le Henaff quitte l’Entraide Française et rejoint définitivement les CEMEA qu’elle ne quittera plus. Une nouvelle carrière s’ouvre dans la formation des encadrants des maisons d’enfants et des colonies de vacances avec Fernand Deligny. Elle devient aussi la première secrétaire de rédaction des revues des CEMEA, Vers l’Education Nouvelle et Ensemble, où apparaissent ses premiers articles sur la gestion de la vie quotidienne des enfants. Parallèlement elle va représenter le mouvement des CEMEA auprès des institutions et organismes internationaux qui se préoccupent du sort des enfants laissés pour compte. À la même époque, elle est sollicitée par le psychiatre Daumezon pour organiser les premiers stages « Équipe de santé mentale » destinés aux infirmiers des hôpitaux psychiatriques. Pendant dix ans, elle s’entoure d’un réseau de professionnels dont beaucoup de personnalités (René Diatkine, Myriam David, Fernand Deligny, Henri Wallon, etc.) et se spécialise dans l’organisation et la pratique des activités de la vie quotidienne tout d’abord pour les enfants en collectivité puis dans les institutions asilaires amenant les « gardiens de fous » à devenir des moniteurs d’atelier et des techniciens de la relation.
Dernier tournant à partir de 1954, lorsqu’elle épouse le psychiatre Louis Le Guillant qui a déjà une carrière très riche dans le social et le médico-social avec qui elle poursuit les formations d’infirmiers et codirige l’hôpital psychiatrique de Vitry. C’est cette même année que paraît son petit ouvrage La Vie Quotidienne qui est la somme de son travail aux CEMEA et se tourne définitivement vers la psychiatrie, dirigeant le magazine Vie Sociale et Traitement.
Elle décède en 1996 à Paris à l’âge de 87 ans.

Texte  : Fouzi Ghlis et Mathias Gardet

Images

Portrait de Germaine le Henaff

Source photo : Archives familiales
Crédit photo : D.R.

Germaine Le Henaff conduit la leçon de chants au Château de la Guette, 1943-1945

Source : USHMM (United States Holocaust Memorial Museum, avec l’aimable autorisation de Malie Perez) Crédit photo : D.R.