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L’Œuvre des gares

L’Œuvre des gares est une création en 1905 de l’ Association pour la répression de la traite des blanches et la préservation de la jeune fille, elle-même fondée en 1901. Elle s’insère dans les réalisations d’un mouvement international de lutte contre la traite des blanches enclenché à Genève en 1877. Mais là où la plupart des initiatives étrangères suivent plutôt le modèle initial de l’« œuvre des arrivantes » qui propose un accueil temporaire de jeunes voyageuses déjà annoncées, l’œuvre française suit le modèle anglais en recrutant des agentes de permanence pouvant se porter au-devant des jeunes provinciales embarrassées à la descente du train. L’œuvre propose ses services à Paris fin octobre en gare de l’Est, début novembre en gare du Nord, puis le 1er février 1906 dans les gares Saint-Lazare et Montparnasse et fin février en gare du quai d’Orsay. Les jeunes filles recueillies sont réparties dans cinq établissements de bienfaisance avec lesquelles l’œuvre entretient des relations.

En 1912, l’Œuvre des gares se sépare de l’association mère en se constituant elle-même en association, même si plusieurs membres restent communs aux deux conseils d’administration. Elle la réintègre difficilement en 1920 après une cessation d’activité durant toute la première guerre mondiale. L’association commence à collaborer en 1936 avec la Ligue d’action contre la licence des rues et lieux publics, puis s’affilie au Cartel d’action morale en 1938. L’action est étendue à toute personne en situation de difficulté dans les gares : femmes, enfants, aveugles, vieillards.

En 1937, une maison d’accueil est fondée à Auteuil, 94bis rue Boileau, dans des locaux de l’Œuvre libératrice pour recevoir « les femmes et les jeunes filles demandant l’assistance aux agentes des gares, et se trouvant sans asiles et sans ressources ». En partie détruite par les bombardements du 3 septembre 1943, elle reprend son activité en 1945 au 40 Cité des Fleurs, puis en 1946 au 21 avenue du Général Michel Bizot, où elle abrite également un hôtel maternel et une crèche à partir de 1951.

En 1955, toute référence à la répression de la traite des blanches disparaît : l’association change son titre en Accueil et reclassement féminin – Œuvre des gares (ARFOG). Celle-ci fusionnera avec deux autres associations en 1978 puis en 2017 pour devenir l’association Esperem.

En 2015 est fermé le dernier accueil en gare de SOS Voyageurs à la Gare de Lyon.

Texte  : Sylvain Cid

Documents

Images

L’Association de répression de la traite des blanches (1902)

Source : Registre de procès-verbaux de l’Association pour la répression de la traite des blanches et la préservation de la jeunes fille, 1901 (archives Association Esperem)

René Bérenger, le fondateur (1910)

Source : Agence de presse Meurice / Bibliothèque nationale de France

Paris et ses gares (1921)

Source : Collection particulière, cl. Br. Bretelle

La comtesse de Romanet, déléguée générale (1933)

Source : « Cinq cent jeunes gens et jeunes filles vendront des insignes pour une œuvre en faveur… des jeunes filles », Paris-Midi, 2 juillet 1933, p. 3

Agentes de l’Œuvre des gares (1935)

Source : Suzy Mathis, « L’Œuvre des gares », Les Dimanches de la femme : supplément de La Mode du jour, 3 février 1935, p. 6

Affiche « Jeunes qui désirez aller à Paris » (1950)

Source : Reproduction dans L’Echo des Françaises, 1950

Sur les quais des gares... (1950)

Source : Jacqueline Dvorak, « Sur les quais des gares : de jolis « messieurs » et des dames de bien se disputent les jeunes provinciales », V, n°285, 19 mars 1950, p. 5

Tract de l’Arfog (ca 1970)

Source : archives Association Esperem