Parution du numéro 26 de la revue RHEI : "L’enfance en cases"
Le nouveau numéro de la revue RHEI vient de paraître aux éditions Anamosa.
Le dossier dirigé par Frédéric Chauvaud et Jean-Jacques Yvorel s’intitule "L’enfance en cases".
Avec les textes de :
Pierre-Éric Fageol,Frédéric Garan, Gilles Gauvin, Emanuela Muntean, Florent Perget, Jean-Marie Petitclerc, Agnès Peysson-Zeiss, Michaël Pouteyo.
Enfants battus, abandonnés, discriminés parce que handicapés et pourchassés en temps de guerre, vagabonds du XIXe siècle ou « mineurs non accompagnés » d’aujourd’hui, des banlieues de Turin à La Réunion : la nouvelle livraison de la RHEI s’empare de la figure de l’enfermement et de l’enfance maltraitée dans la bande dessinée à travers l’histoire.
Qu’il s’agisse de mineur·es ayant commis des écarts à la loi ou aux normes, ou de l’enfance victime de mauvais traitements, l’enfance « irrégulière » peuple notre environnement et nos imaginaires. Ces enfants mis en cage sont tout à la fois des sujets bien réels de notre actualité (de la guerre aux violences sexuelles) et des personnages de légende, au point que leurs figures forgent une véritable culture. En tant que forme d’expression artistique et populaire, la bande dessinée est ainsi historiquement habitée de cette thématique. Pour en établir le spectre, deux spécialistes de l’histoire de la justice pénale et de la jeunesse ont sollicité la contribution de chercheurs à l’intersection de l’histoire et de la critique littéraire, du documentaire et de la fiction. Trois grandes familles se sont dégagées.
L’enfance violentée par les adultes est décrite comme un trait culturel omniprésent des sociétés de l’océan Indien. Autre exemple, avec Osamu Tezuka, le mangaka culte (auteur de Astro Boy) avec la série Ayako relatant le destin d’une jeune fille séquestrée dans la société corsetée du Japon d’après-guerre pour dissimuler un viol incestueux. C’est aussi l’iconique incarnation du mal, Monsieur Choc, lui-même victime de traumatismes vécus pendant l’enfance, dans l’Angleterre sombre de l’entre-deux guerres. Vient ensuite la figure du jeune vagabond, à l’origine d’immenses succès commerciaux, décrits dans un panorama de l’histoire de la bande dessinée. Mais c’est aussi Don Bosco, ce prêtre turinois du 19e siècle qui a consacré sa vie aux jeunes délinquants et créé la pédagogie salésienne devenue une référence mondiale dans la prise en charge de la jeunesse en difficulté.
Ce sont enfin les figures d’enfants persécutés et pourchassés, que ce soit dans le contexte de la Shoah, ou la question de l’albinisme, affection génétique considérée en Afrique de l’Ouest comme un handicap.
Ce foisonnant volume en quadrichromie retrace des pans de l’histoire et des techniques du 9e art, mais dresse aussi l’image kaléidoscopique d’une enfance mise en cases, entre histoire sociale et histoire culturelle.