Journée d’étude "Penser l’histoire de l’enfance et de la jeunesse", 6-7.11.2024, Université de Genève
À la suite du premier conflit mondial et sur une inspiration de la britannique Eglantyne Jebb, l’Union internationale de Secours aux Enfants, basée à Genève, rédige une Déclaration des droits de l’enfant. Ce texte synthétique de cinq principes, qui formalise les besoins fondamentaux des enfants et les devoirs des adultes, est ensuite adopté en septembre 1924 par la Société des Nations. Cet « instant 1924 » est considéré aujourd’hui comme l’acte de naissance des droits de l’enfant, un paradigme qui sera ultérieurement retravaillé et mis à jour en 1959, sous une forme déclarative, puis en 1989, avec la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.
En réalité la déclaration de 1924, pour cruciale qu’elle ait pu être dans la légitimation de ce nouveau paradigme, n’est nullement à l’origine des politiques de l’enfance et de la jeunesse. Celles-ci se sont élaborées déjà au fil du 19e siècle dans une diversité de territoires nationaux, permettant l’émergence puis la convergence des dispositifs en matière de protection, d’éducation, d’instruction et plus généralement de prise en charge des jeunes classes d’âge, au nom de leur spécificité ou de leur intérêt supérieur. Depuis les travaux pionniers de Philippe Ariès, l’approche historienne a permis d’éclairer de larges pans de ces politiques et de leurs métamorphoses successives.
On peut néanmoins se demander dans quelle mesure ce concept de droits de l’enfant, qui s’est imposé comme la référence de nos dispositifs de prise en charge depuis les années 1990, a permis l’émergence de questionnements inédits, ou a contribué à regarder autrement des phénomènes qu’on croyait bien connus. Nos façons d’interroger, de problématiser et d’écrire l’histoire des enfants et des jeunes ont-elles été influencées par la sensibilité croissante de notre époque à l’égard des enfants en tant qu’acteur·ice·s potentiel·le·s de l’histoire ? Posons-nous aujourd’hui un regard neuf sur ces politiques et sur ces enfants et si oui sur quels aspects développe-t-on aujourd’hui de nouvelles approches ou interprétations ? Si la prise en considération des enfants comme acteur·ice·s sociaux·ales, réagissant et agissant sur leur environnement, permet d’espérer une recherche historienne plus clairement centrée sur leurs expériences et leur capacité d’agir, une telle latitude leur a-t-elle vraiment été conférée au cours de ce « siècle de l’enfant » que fut le 20e siècle ?
À l’heure où on s’apprête à célébrer le centenaire de la Déclaration de Genève, il paraît opportun de donner à voir des chantiers nouveaux de cette histoire de l’enfant et de la jeunesse. C’est l’objectif de cette journée d’étude : réunir chercheur.euse.s qui, par le caractère novateur de leurs approches ou thèmes de recherche, sont en mesure d’alimenter nos connaissances en interrogeant les marges et angles morts de cette histoire.
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